Cyrus Thibault Lognonné
Biographie
Cyrus Khalatbari est artiste, designer et doctorant dans le programme conjoint entre la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD – Genève, HES-SO) et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Dans le cadre de sa thèse, Cyrus articule travail de terrain ethnographique, études des sciences et des technologies (STS) et méthodologies issues de l’art et du design pour interroger, à l’échelle de l’unité de traitement graphique (GPU), les implications écologiques de la puissance de calcul et du numérique. Ses recherches ont été publiées par des revues et éditeurs tels que Diseña, Valiz et TETI, et ont reçu le soutien de l’Ambassade de France en Suisse ainsi que de l’Union européenne.Recherche
PhD Thesis
Luttes et résilience dans la miniaturisation des GPU : des overclockers de Taipei aux urban miners d’AccraDirection :
Jérôme Baudry : Professeur assistant tenure track | EPFL, LHS
Nicolas Nova (1977–2024) : Professeur HES | HEAD – Genève (HES-SO)
Notre paysage médiatique algorithmique est structuré par la miniaturisation de l’intelligence, un processus qui consiste à intégrer l’intelligence artificielle dans des dispositifs toujours plus compacts et performants. Au cœur de cette transformation se trouve l’unité de traitement graphique (GPU), un composant matériel initialement conçu pour l’accélération graphique, mais aujourd’hui central dans les usages liés à l’IA et à la parallélisation du calcul. Ma thèse explore l’économie politique de la miniaturisation des GPU en mettant en relation deux communautés situées aux extrémités opposées de leur cycle de vie : les overclockers à l’azote liquide de Taipei (Taïwan), qui repoussent les limites du calcul grâce à des pratiques extrêmes de refroidissement, et les urban miners d’Agbogbloshie (Ghana), qui recyclent et revalorisent des GPU mis au rebut. En retraçant leurs infrastructures matérielles, environnementales et de savoirs, ma recherche remet en question les récits dominants sur l’immatérialité et l’universalité de l’IA, en révélant une « intelligence » profondément ancrée dans des processus géologiques, thermiques et culturels. En tant que thèse menée par la recherche-création, elle aborde ces pratiques élémentaires du travail en combinant recherche académique, travail de terrain et projets de design critique et spéculatif. En démêlant les processus de miniaturisation de l’intelligence à travers des pratiques situées et incarnées, mises en dialogue avec des données qualitatives et des analyses, cette recherche ouvre la voie à des formes alternatives d’enquête. Elle nous invite ainsi à spéculer de manière plus nuancée sur le passé, le présent et les futurs proches de la puissance de calcul et de ses multiples enchevêtrements.