Biographie

D’abord travailleur social puis sociologue, Lucien Delley est actuellement coordinateur sécurité au sein du bureau permanent du Montreux Jazz Festival ainsi que doctorant au Laboratoire de Sociologie Urbaine (LaSUR) de l’EPFL. En parallèle, il enseigne la thématique « prévention et réduction des risques en milieu festif » à la Haute Ecole de Travail Social (HETS) de Genève. Il est également membre fondateur d'iSSUE (Institut suisse de sécurité urbaine et événementielle).

Travail en cours

Thèse (en cours) :

Produire la fête : enjeux de gestion spatiale et d'attribution de responsabilité dans l'organisation du Montreux Jazz Festival

En s’intéressant aux enjeux de gestion spatiale, ce projet de thèse porte sur les questions de responsabilité que pose la production d’un événement éphémère en milieu urbain. Par production, il faut entendre le travail de planification et de performation de l’événement, mis en œuvre dans un souci d’équilibrages permanents entre les qualités d’hospitalité (accueil, ambiance, attentes du public et des habitants, etc.), de sécurité (gestion des risques pour le public, les artistes, etc.) et de rentabilité (gestion des risques financiers pour l’organisation et les autorités). Ce travail tient en l’agencement complexe de ressources humaines et matérielles issues tant de l’organisation (bureau permanent, employés temporaires, partenaires, mandataires, staff, etc.) que des services officiels (police, protection civile, pompiers, travailleurs sociaux, etc.).

Pour aborder ces questionnements, nous nous saisissons du cas du Montreux Jazz Festival, une manifestation qui a lieu chaque année depuis 1967. Ce terrain pourra être abordé de façon très approfondie grâce à une immersion opérationnelle qui permet des observations participantes, ainsi que l’accès privilégié à l’ensemble des acteurs impliqués. Pour mener l’enquête, une perspective sociologique attentive à la diversité des régimes d’engagement a été retenue. Dans le sillage de la tradition pragmatique, elle postule le fait qu’au travers du dispositif de production, les acteurs sont à même d’agir dans différents registres organisés autour de niveaux de réflexivité variables et de biens spécifiques, mais capables de se tourner vers un horizon commun : celui de concilier qualité festive et ordre public. Une quête d’équilibre qui vise plus largement à l’aménagement des conditions d’encaissement de l’événement, en lien avec les épreuves de grandeur (au plan de la ville) et de responsabilités (au plan des acteurs) qui en découlent.

Dans une perspective à la fois située et soucieuse des questions d’historicité, il s’agit en particulier – à partir du Strobe Klub et du Parc Jean Villard-Gilles comme études de cas – de saisir la manière dont les différents acteurs s’engagent dans l’activité de production de l’événement et de démontrer en quoi la responsabilité agit comme un objet-frontière qui leur permet, en maintenant les différences et les coopérations, de se coordonner dans le temps et dans l’espace. La notion d’objet-frontière qualifie la manière dont les acteurs établissent et maintiennent une cohérence entre des mondes sociaux en interaction, sans les uniformiser et sans qu’ils deviennent transparents l’un à l’égard de l’autre. La question de l’historicité renvoie aux rapports qu’entretiennent les pratiques avec le temps historique et la manière dont ces rapports sont engagés dans le présent de l’action.


Mots clés : sociologie pragmatique, événement éphémère, urbanité festive, gestion spatiale, responsabilité, médiation urbaine, objet-frontière, Montreux Jazz Festival