Salomé Clémentine Houllier-Binder
Collaboratrice technique
+41 21 693 51 82
EPFL
>
VPA-AVP-CP
>
CHC
>
CHC-GE
Web site: Site web: https://metamedia.epfl.ch
Domaines de compétences
Architecture
Urbanisme
Urbanisation
Urban design
Urban sciences
Formel/Informel
Slums
Urbanisme
Urbanisation
Urban design
Urban sciences
Formel/Informel
Slums
Thèse réalisée
Singularité des Slums. Production de l'espace dans la ville indienne.L’urbanisme contemporain, comme science et idéologie, induit parfois une violence de l’urbanisation qui s’exerce par le biais de la planification formelle sur les quartiers informels. Ces derniers sont marginalisés à travers des processus d’(in)visibilisation qui les excluent du développement de la ville. Face à cette domination, les habitats informels résistent à leur effacement programmé grâce, notamment, à l’auto-construction et à des pratiques d’assemblage. Ils continuent ainsi de se développer massivement dans les villes du monde entier, jusqu’à en devenir la forme d’habitat urbain la plus importante du 21ème siècle.En proposant une analyse des habitats informels indiens – les slums –, la thèse s’intéresse à la production de l’espace urbain et à ses contradictions spatiales issues, notamment, d’une relation dichotomique entre le formel et l’informel qui découle le plus souvent des décideurs de la ville. De cette manière, elle permet de comprendre comment les normes sont constamment retravaillées et créatrices de leurs propres transgressions produisant ainsi une ville hétérogène et multiple. Alors que la littérature scientifique sur les slums s’est longtemps concentrée sur la description d’une condition jugée inacceptable par les élites et les gouvernements, la recherche s’appuie sur un champ d’étude qui tente au contraire de mettre en avant la réalité et les pratiques de ces quartiers marginalisés. Le slum est ainsi établi comme objet d’étude heuristique afin d’opérer une rupture épistémologique entre le slum comme élément déficient de la ville et le slum comme principe moteur de l’urbanisme. Il s’agit donc de montrer comment les habitants des slums résistent et dépassent le statut d’informel qui leur est attribué par le gouvernement indien, tant du point de vue social que spatial, reflétant un nouveau type d’urbanité hybride.En combinant une approche critique des relations de pouvoir entre dominants et dominés avec une recherche empirique effectuée dans plusieurs slums de Chennai (Tamil Nadu), la thèse interroge la production de l’espace dans les slums selon deux modalités : la réalité complexe des relations de pouvoir entre la planification urbaine et les citadins qui contribuent à la formation et à la destruction des slums ; et les pratiques spatiales et sociales réalisées par les habitants des slums afin de l’appréhender, non pas comme un échec du développement urbain, mais comme une singularité de la ville indienne. Cette reconnaissance induit un nouvel ordre urbain qui considère les logiques spatiales des habitants des slums comme une « modernité alternative ». Elle permet donc de (re)théoriser la ville indienne comme résultant de luttes urbaines entre les groupes dominants et les groupes dominés ainsi que de processus d’hybridation entre les traditions vernaculaires et les pratiques modernes.
Considéré comme une figure théorique, le slum conduit donc à une lecture novatrice des problèmes urbains qui constitue une alternative aux théories urbaines universalisantes mais aussi, et surtout, aux pratiques qui en découlent. Il est ainsi possible d’évoquer un dialogue entre la production moderne de l’espace, les pratiques locales et l’auto-construction afin de comprendre plus finement les processus de formation du tissu urbain des villes du Sud. De cette façon, le slum devient un nouveau paradigme urbain indien, mais aussi un motif universel de l’urbanisation contemporaine que les professionnels de l’urbain doivent prendre en compte afin de proposer un urbanisme qui vise à réduire les inadéquations entre espace conçu et espace vécu.